Jeudi 22 novembre 2012 à 14:06
Mardi 18 septembre 2012 à 2:17
Je suis en poudre. Dispersé en miettes d'âmes et de sommeil. Et je roule à 160 km/h.
Bien calé.
Ma peau est transparente, on voit tout.
Mardi 18 septembre 2012 à 2:16
Mardi 18 septembre 2012 à 2:16
J'avance, je roule, kilomètres sur kilomètres, et je ne suis pas seul. On m'accompagne, un sourire en coin, bien calé sur le siège passager. Les yeux mi-clos, le regard au loin, on fuit, le bonheur aux lèvres et les yeux humides. Ce vent qui nous fait pleurer, il nous guide, nous soutient. Avec le coeur prêt à éclater, on se tait, on ne peut faire autrement. On fredonne, tout au plus. Et, puisqu'on a toute la vie devant nous, on crie, on ose le violer, le silence. On se risque à tout détruire. L'important n'est plus l'arrivée, c'est le risque qu'on prend, c'est l'inertie qui l'accompagne. Ce voyage justifie déjà tout. Chaque instant menait à celui-ci, chaque couleur, chaque regard et chaque détail résonnent de perfection. Tout nous a poussé jusqu'ici. On peut lacher prise, en n'ayant sans doute jamais autant été aux commandes.
On oublie l'arrivée. L'arrivée, c'est toujours trop tard.
Mardi 18 septembre 2012 à 2:16
Je ne l'entends pas, il résonne dans son regard. Ses lèvres le traduisent en un mince sourire gêné. Ce sourire gêné qui ne la quitte pas, et que je reproduis .
Il y a la musique, qui s'égoutte, partout dans la pièce. En fines flaques sonores.
La pièce est sombre, la lumière mobile, elle rebondit en tâches de couleur sur les objets. Mouvants. Sur nous. Sur la musique.
Nous sommes trempés, nos cheveux dégoulinent de voix et de bleu, de rouge, de jaune.
Il pleut dans le salon, une pluie chaude et salée, il pleut du son et nous sommes au milieu. Il y a moi, allongé dans un canot de cuir rouge, les yeux éteints, enfin reposés. Il y a elle et le rire dans ses yeux qui bascule sur ses lèvres. Il y a nous, les derniers naufragés. Une mer de chaleur, de guirlandes et de musique. Les paupières se ferment mécaniquement et les rêves tapissent le réel, ils diffusent le rouge des guirlandes, ils densifient la pluie.
On ne va jamais vraiment nulle part, mais le voyage en profite.
Mardi 18 septembre 2012 à 2:15
Les gens fuient en rêves innocents. Les mots que l'on se dit. Ceux que l'on cache. Eveillés. On les quitte, la nuit. On les abandonne. Les mots, les gens. Les idées claires. Rien n'encombre un rêve, rien d'autre que ses significations. Les traits tirés en adieux oniriques. Ceux qui arrivent pour la première fois.
Et c'est comme une transformation, un changement. Un retour au sources, pratiquement. Deux mille quatre . A nouveau blottis dans une torpeur inaccessible. A nouveau blanchit par l'indifférence. Qu'est-on sinon lointains ?
On compense. Avec ce qu'on trouve. Musique. Ciné. Bouquin. On compense. On y croit. Y croît cette torpeur, ce masque de relations, de relative sociabilité. A défaut d'investissement.
Plus d'investissement.
Et rien ne s'éteint jamais. Aucun interrupteur n'est accessible. Et l'on perd toujours un peu plus, un peu plus loin, ces choses évidentes. Ces pensées lancées à l'intention de. Elles ne sont plus. Enfermées dans cette panoplie d' autosuffisantes palissades successives.
Diverses déceptions passées et futures s'égouttent. Et le vase de déborder.
Les premières fois. On les quitte, on les fuit, dans des trains, réels ou virtuels. Ce sont les trains qui nous sauvent. Ils nous éloignent de ce qui a pu nous atteindre, corroder quelques pierres d'indifférence. Ils nous permettent de fuir notre sur-estimation.
Sur-estimer. Le maître mot. Le vecteur des espoirs et de la déception. Et la maturité d'annihiler toute sensation semblable.
Quelle maturité ? Noyez-moi d'adolescente naïveté, puisque je veux aimer.
Mardi 18 septembre 2012 à 2:15
Mardi 18 septembre 2012 à 2:14
Mardi 18 septembre 2012 à 2:13
Mardi 18 septembre 2012 à 2:12
Mardi 18 septembre 2012 à 2:11
J'ai pas la faculté à remonter le temps, pas même celle de pousser les autres à revivre leurs souvenirs. Je suis à part, perpétuellement en arrière, décalé vers un passé inaccompli, parfois destructeur, souvent excitant. Je n'oublie rien, une phrase, un son, une odeur, et c'est le retour de plusieurs mois d'impressions. Je ne suis pas de ceux qui vivent dans le présent, se prennent en main, remercient le sort de leur offrir une vie calme, concrète et sans bavures trop grossières. Je ne cours pas assez vite, mon esprit est quelques années plus tôt, mon corps regrettant le grain de folie irradiant mes idées et mes mots de l'époque. Je suis devenu générique et inambigu. Profondément ennuyeux et répétitif. Je suis fait de regrets, de mélancolie, et je suis capable de leur reprocher, de lui reprocher, de nous avoir poussés à changer, de nous avoir contraints à sortir par la porte de derrière. Sortir du côté de l'age adulte, choisir son avenir, se débarasser de détails qui font tâche, en assumer d'autres. Je m'evertue à tenter de comprendre que récuperer un passé est impossible, que chaque souvenir participait à une situation, souvent avortée, ou périmée. A comprendre qu'aujourd'hui est aussi un futur souvenir, un futur passé à regretter, un futur besoin à remplir avec de la musique, des odeurs et des images. Je concède au temps ce qu'il est, une fuite linéaire d'instants intrinsèques a priori nés d'une cause à effet occasionnellement véritable. Je conçois que le demi-tour est impossible, et que les rails se dessinent peu à peu, sans permettre d'y voir trop loin, tout en restant ancrés, bien au delà de ce qu'il m'est permi d'observer, derrière moi. J'accepte les changements, je veux bien ne pas être égoïste, j'admets que tout va bien. Mais si tout n'était qu'un même instant, un même temps, une fusion d'images superposées et d'instants entassés, alors là, tout serait réel.
C'est pas un deuil, c'est un oubli retenu. Je suis content de le ressentir, même si je suis peut-être seul.
Mardi 18 septembre 2012 à 2:07
Masochisme nocturne. Pourquoi m'embarrasser à nier le fait que j'aime sentir l'équilibre chanceler, que j'aime ressentir les absences, les déchirements et les coups du sort ?
Je n'aime jamais autant que lorsque je perds.
Je ne comprends pas pourquoi je ressens. À quoi ça peut bien servir, de ressentir, au fond ? Quelle est l'action que m'intime de produire mon corps lorsque je sens la peur de mourir seul? Que dois-je faire d'autre que me regarder tomber lorsque l'anxiété progresse ? Les sentiments sont les prisons de l'âme.
« L'habitude du désespoir est plus terrible que le désespoir lui-même. » — Albert Camus
Samedi 1er octobre 2011 à 4:26
Tout est si calme lorsqu'on plonge dans l'indifférence.
La vie des autres devient moteur de nos vies absentes.
Vivre d'attendre que plus rien ne se passe.
Et oublier son propre chant.
Je veux ignorer. Remettre au lendemain.
Oublier le son de ma voix.
Je veux être confiné dans un neurone défectueux.
Et continuer à effleurer du doigt tes dernières preuves de vies.
Tu me manqueras autant que je me manque.
Mais c'est pour le meilleur que je m'évapore.
Devenir un bon soldat.
Et ne pas mourir d'avoir été trop vu.
Jeudi 29 septembre 2011 à 0:00
Mardi 30 août 2011 à 0:49
Tes yeux auraient pu soigner les miens. Je me serais peut-être senti guérir, dans le regard d'un autre. J'aurais pu me penser grand, fort. Peut-être beau.
Les choses ne vont pas dans le sens que j'espère. Jamais. Peut-être est-ce un mal pour un bien : l'alternative la "moins pire". Peut-être qu'on veille sur moi de cette façon. J'ai le droit au moins pire, d'autres ont droit au meilleur. D'autres encore ont droit au pire : je n'ai donc pas le droit de me plaindre. C'est difficile à croire, qu'une couleur puisse soigner. Qu'un reflet puisse guérir. Et comment t'expliquer que ta pupille peut donner vie ?
Soigne ton sourire. Tu as hérité d'un charme instantané, d'une sympathie automatique. Tu n'es pas au courant que tu es le sauveur des âmes. Capable du meilleur, donne leur le meilleur. Ôte leur cet accoutrement de "moins pires" et drape les de meilleur. Donne leur tout ce que je n'ai pas pu leur confier. Utilise donc ton sourire pour les réchauffer.
Et lorsque je penserai à eux, lorsque je me souviendrai, l'image sera tiède.
Samedi 27 août 2011 à 23:47
L'important ce n'est pas à quelle vitesse va le wagon, mais à quelle distance on veut aller.
Samedi 27 août 2011 à 23:26
Je suis l'envie.
Comme la vie des autres est belle, comme elle est douce. Simple.
Tout du moins ils ont cette faculté naturelle, automatique, de donner l'impression de tourner rond. D'aller, venir. De faire.
Je n'ai pas ce don, je n'ai pas la capacité de me donner de l'importance, de me montrer grand et puissant. La moindre comparaison, la moindre remarque, et je suis anéanti.
Je suis le vide.
Chaque fois, je me regarde dans les miroirs. L'oeil sombre, défiant mon reflet, je le provoque, l'enrage. Et je me résous à le haïr. Je n'endure plus ce regard vide et fatigué qui me fixe et me nargue. Je le rejette, le combats.
À chaque instant, chaque coup d'oeil, je poursuis ma destruction. Un morceau à la fois, je m'étripe, m'asphyxie, me brûle.
Cette personnalité n'en est plus une. Juste le rôle du jeune paumé.
Au fond, je ne suis même pas cette personne. Ni bon, ni mauvais. Ni important, ni dérisoire. Je ne suis rien. Le néant.
Lorsque je suis seul, ma vie embrasse ma personnalité, et mes jours se passent dans le noir. Maigres et immobiles ils attendent leur heure, contraints à la patience.
Je suis la peau. Et il y a longtemps que je ne suis plus les os.
Lundi 22 août 2011 à 20:08
Comment te faire comprendre ce qui m'émiette ?
Je voudrais être capable de te crier au face à face le bon terme, le mot exact, qui pourrait te permettre d'intégrer ce qui cloche. Il est pourtant clair que ce mot n'existe pas, que ce mal qui est tabou est imprononçable.
Je ne suis présent qu'à moitié et absent qu'en partie : tu pourrais voir à travers mes os, si tu regardais. Je suis le fantôme d'une personnalité, une apparition d'un être humain il y a longtemps avorté. Je n'existe pas, je suis impalpable. Et je disparais lorsque tu te retournes. Tu ne sais pas me demander, pas plus que je ne sais t'expliquer. C'est un équilibre par défaut, une solution de secours. Tous ces silences vains. Ma vie elle-même semble vaine, parce que j'ai compris. C'est une malédiction.
J'ai compris que l'espoir n'est que le premier nom de la déception. J'ai compris que la déception est la préquelle de la dépression. Pourquoi a-t-on façonné l'esthétique au point de le rendre suffisamment vorace pour qu'il nous dévore tout entiers ? Quel est le bonheur ? Est-il l'antithèse de la laideur ? Le Beau est-il lié à l'intelligence ? Sa perception peut-elle être stupide ?
Comment se justifier, s'excuser, de l'absence de beauté ?
Que peut combler ces abysses ?
Qu'attendons-nous tous, si patients, qu'il nous arrive ?
Pourquoi personne ne s'est encore jamais levé contre ce genre d'injustices ?
Vendredi 15 juillet 2011 à 21:24
Finalement, tu te construis. Sans moi. Dans un autre pays, loin.
Tu vis la vie que je voulais. Celle que je désire encore, mais je sais n'être pas à même de la mériter. Tu t'organises, petit à petit. Tu deviens quelqu'un, tu t'éloignes de la condition que nous partagions. Tu deviens fort, grand, beau, puissant, certain, convaincu, important.
Je t'envie. J'ai passé chaque jour à envier, j'ai peur que cela continue irrémédiablement. À jamais.
Je déteste. Tout. Je suis aigri, tellement. Je souffre. Discrètement.
Si tu me croisais tu t'imaginerais encore que je suis un bon vivant, une bonne poire, qui voit la vie avec humour et beauté. Or, au contraire, je suis mort. Depuis longtemps. Et je fais semblant de continuer. Pourquoi faire ? Parce que je ne veux pas décevoir plus que je n'ai déçu. Je ne veux pas emporter les gens avec moi. Je veux qu'ils n'y voient rien. Je veux avoir l'air de garder la tête hors de l'eau, de dire "ça va" en leur souriant, tout en sentant que le poids qui m'agrippe m'attire vers le fond.
Mais malgré moi, je les emporte. Et c'est depuis que tu es parti que tu t'épanouis, depuis que mon influence n'est plus à même de t'enserrer. Je suis contagieux, j'empeste mon entourage jusqu'à le rendre malade. Tu n'es pas le premier qui ait fuit mon emprise et qui s'en est trouvé récompensé. Chacun de vous vit mieux lorsqu'il décide de disparaître de ma vue.
J'aimerais faire de même. Comment puis-je me laisser tomber ?