Course

Mardi 18 septembre 2012 à 2:17

Mentir un brin, juste pour souffler le jeu à ceux qui restent. Et les voir se regrouper, se lever, et quitter la table, la chaise, partir ailleurs, vivre leur connivence, comme si chaque instant était la redécouverte des âmes humaines et de ce qui les retient. Les voir vivre, tout autour, avec l'impossibilité d'y apporter quelque chose, d'être quelqu'un. L'impossibilité de tisser ce que je souhaiterai, parce que j'ai décidé que je n'y parviendrai pas, parce que j'ai su, j'ai su que ce ne serai pas mon rôle. Et mentir afin de se dédouaner du mieux, pour lui et pour soi-même. Je suis en pierre, un statue, de celles qui dégoulinent, quand personne ne regarde, qui ne peuvent tourner la tête vers les yeux assis à côté. De ceux qui savent que leur attitude est la laideur incarnée, mais qui se sentent rouillés d'être, las de poursuivre, et n'arrivent plus à bouger vers une direction appropriée, en un quelconque mouvement de beauté. Mentir toujours, afin d'en sortir justifié. Et tout se déroule comme en super 8, tout se saccade et se poursuit, lointain, comme assister au carambolage de son amour-propre, de l'autre bout. Du hublot glacé d'un avion, d'où de minuscules étoiles crépitent. Je ne peux pas m'exprimer, car je n'ai rien à exprimer. Je suis une pierre de sentiments fossilisés, je suis un roc de souvenirs sédimentés. Et je ne crois pas que la mer ne cesse de monter, le mouvement perpétuel est la frustration qui me perfore l'estomac. Cette ancienne étoile, tentant d'aspirer la vie et ses planètes.

Je suis en poudre. Dispersé en miettes d'âmes et de sommeil. Et je roule à 160 km/h.

Bien calé.

Ma peau est transparente, on voit tout.

2 commentaires

Commentaires

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Par Aimepe le Mardi 18 septembre 2012 à 3:48

Tu roules à 160, ça se lit. Tant d'articles programmés pour la même soirée, impressionnant. Je n'en comprends pas le sens, néanmoins. Peu importe.

Toujours, parfois est-il que en lisant une chose, on en vient à parcourir le reste. Une chose et le reste m'a bercé. J'aime tes mots, n'en perds pas. Aime-toi. N'attends pas qu'on vienne voir la pierre-fossile pour l'étudier au labo. T'aimerais pas le labo, c'est un monde froid et horrible. Tu crois y être déjà quand on t'emmènes au sous-sols pour extraire tes derniers minéraux. Il t'en reste encore sur toi ? Garde-les, sauve-les. Sauve ta peau, pauvre pierre. Deviens pierre ponce, flotte, remonte à la surface. Fais respirer les pores bouchés par la poussière. Redeviens chair qui brûle et tremble.

Mais que dis-je ? J'n'ai de leçon à donner. Juste des lettres à offrir. Celles-ci sont gratuites, et le resteront toujours. En espérant qu'elles ne fassent pas tâches dans ce monde blanc, au prochain article.

Par sam le Lundi 21 mars 2022 à 23:38

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