Mardi 3 mai 2011 à 18:28

  J'ai cette étrange nature, celle de n'y voir jamais plus loin qu'au lendemain. Ce n'est pas une coquetterie de mon esprit, ni même une excentricité de ma personnalité, non, c'est en moi, c'est physiologique. Alors imaginez mon problème quand quelqu'un me parle au futur, quand on tente de séquestrer mon attention et de l'astreindre à envisager un après-demain, un mardi prochain, un "dans une semaine", "un mois", "un an". Mon cerveau, lui, réussit à peine à se figurer, après longs - et parfois douloureux - efforts, un simple "demain", pourtant solide notion chez l'autre mais concept complètement étranger à la chimie et au fonctionnement intrinsèque de tout mon corps. Alors quand je me vois contraint d'imaginer ce "demain" en double, en triple, jusqu' au centuple, la tête m'en chauffe et mes oreilles se mettent à hurler le mécontentement de ce modeste cerveau incapable de digérer un tel festin de lendemains. J'y mets le coeur, il est vrai, mais l'esprit ne suit pas, et mon interlocuteur le ressent vite, sans que je ne puisse le rassurer. 
Car je suis incapable de mentir, également. Croyez le ou non mais, moi, j'ai l'impression que c'est lié, que quelqu'un qui réussit à comprendre le concept du futur ainsi que toute ses parts d'incertitudes, de fantasmes et de de suppositions doit sans aucun doute être un fieffé menteur. Et tout ça, je n'y arrive pas. Encore une fois, aucune éthique, aucun code de conduite ne m'y contraint, les lois physiques de mon organisme se contentent de dresser une barrière infranchissable devant toute tentative, même honorable, de mensonge de ma part.
Par contre, je n'ai absolument aucun problème avec le passé, et c'est sans doute la raison pour laquelle l'Histoire, et les histoires sous toutes leurs formes, me passionnent autant. C'est cette propension à naître et à grandir à travers le concret des faits et des mots qui me pousse aujourd'hui à vous raconter la mienne.

Les souvenirs, contrairement à ce qu'on ne cesse d'imaginer, ça ne s'efface pas. Du moins pas vraiment : ils se cachent, se transforment, il leur arrive même de fusionner, se mélanger, mais jamais ils ne disparaissent. Après tout pourquoi disparaître quand l'on est capable de fuir ? Les souvenirs, très peu de gens s'y attardent, finalement, ils n'y voient qu'un support utile, clé de leurs actes et leurs paroles. Le monde entier vit en décalage, une seconde tournée vers ses souvenirs passés, la suivante tournée vers les actes à venir. Le présent n'existant pas plus que n'existe une zone entre le dehors et le dedans, et le futur se construisant sur le socle des souvenirs, c'est à se demander si le passé ne s'arrête jamais vraiment. Cette histoire est donc passé, mais retentit encore, je la ressens continuellement, et lorsqu'une décision se présente à moi - cela même si je fais bien attention à n'avoir que très peu de décisions à prendre dans ma vie - c'est cette histoire qui est ma clé.
Par Aoe-is-better le Mardi 3 mai 2011 à 18:53
Je voudrais que tout le monde soit heureux comme moi.
En tout cas, je me garderai de brûler ton blog contrefait. Au plaisir de te relire bientôt.
Par cumulus le Lundi 22 août 2011 à 20:45
Moi je ne vis qu'à travers les souvenirs. Le présent me fait aussi peur que le futur, mais le passé est tellement sûr. On est tellement à l'abri dans nos souvenirs..
 

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