Mardi 18 septembre 2012 à 2:11

 
J'ai pas la faculté à remonter le temps, pas même celle de pousser les autres à revivre leurs souvenirs. Je suis à part, perpétuellement en arrière, décalé vers un passé inaccompli, parfois destructeur, souvent excitant. Je n'oublie rien, une phrase, un son, une odeur, et c'est le retour de plusieurs mois d'impressions. Je ne suis pas de ceux qui vivent dans le présent, se prennent en main, remercient le sort de leur offrir une vie calme, concrète et sans bavures trop grossières. Je ne cours pas assez vite, mon esprit est quelques années plus tôt, mon corps regrettant le grain de folie irradiant mes idées et mes mots de l'époque. Je suis devenu générique et inambigu. Profondément ennuyeux et répétitif. Je suis fait de regrets, de mélancolie, et je suis capable de leur reprocher, de lui reprocher, de nous avoir poussés à changer, de nous avoir contraints à sortir par la porte de derrière. Sortir du côté de l'age adulte, choisir son avenir, se débarasser de détails qui font tâche, en assumer d'autres. Je m'evertue à tenter de comprendre que récuperer un passé est impossible, que chaque souvenir participait à une situation, souvent avortée, ou périmée. A comprendre qu'aujourd'hui est aussi un futur souvenir, un futur passé à regretter, un futur besoin à remplir avec de la musique, des odeurs et des images. Je concède au temps ce qu'il est, une fuite linéaire d'instants intrinsèques a priori nés d'une cause à effet occasionnellement véritable. Je conçois que le demi-tour est impossible, et que les rails se dessinent peu à peu, sans permettre d'y voir trop loin, tout en restant ancrés, bien au delà de ce qu'il m'est permi d'observer, derrière moi. J'accepte les changements, je veux bien ne pas être égoïste, j'admets que tout va bien. Mais si tout n'était qu'un même instant, un même temps, une  fusion d'images superposées et d'instants entassés, alors là, tout serait réel.

C'est pas un deuil, c'est un oubli retenu. Je suis content de le ressentir, même si je suis peut-être seul.
Par Aoe le Mardi 10 décembre 2013 à 18:05
"mon corps regrettant le grain de folie irradiant mes idées et mes mots de l'époque"

" Je concède au temps ce qu'il est, une fuite linéaire d'instants intrinsèques a priori nés d'une cause à effet occasionnellement véritable."

"C'est pas un deuil, c'est un oubli retenu. Je suis content de le ressentir, même si je suis peut-être seul."

Si j'ai tout bien compris, tu n'es pas seul.
 

Ajouter un commentaire









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://menteur.cowblog.fr/trackback/3206709

 

<< Page précédente | 1 | 2 | Page suivante >>

Créer un podcast